Revue de presse web : la lente agonie du monospace

Dans le cadre de notre fonction d’information, nous publions ci-dessous un post vu sur internet il y a peu. La thématique est «l’automobile».

Son titre séduisant (la lente agonie du monospace) parle de lui-même.

Présenté sous le nom «d’anonymat
», l’éditorialiste est connu et fiable pour plusieurs autres encarts qu’il a publiés sur le web.

Ce post peut de ce fait être pris au sérieux.

La date d’édition est 2022-08-21 10:00:00.

L’article :

Dans l’imaginaire collectif, surtout en Europe, l’inventeur du monospace est Renault avec son Espace, sorti en 1984.

Pourtant, dès 1982, Nissan ouvrait la voie à ces véhicules familiaux avec sa Prairie. En 1983, c’est Chrysler qui présente son Voyager aux Etats-Unis.

En concevant l’Espace, Matra poussera plus loin le concept du “monocorps”, avec un capot dans le prolongement du pare-brise, et peaufinera encore la modularité, avec des sièges individuels coulissants et pivotants.

Le constructeur est le premier surpris du succès du Voyager ! Photo DR



Le constructeur est le premier surpris du succès du Voyager ! Photo DR

Des débuts fracassants

Dès le premier jour de sa commercialisation, le Chrysler Voyager s’arrache comme des petits pains aux Etats-Unis. L’usine de Windsor, dans l’Ontario, n’arrive pas à suivre et au bout d’un an de commercialisation, Chrysler a écoulé plus de 200 000 exemplaires de son minivan, soit dix fois l’objectif fixé.

Pour le constructeur, ce succès arrive à point nommé. Chrysler fait face à de lourds investissements et a dû recourir à l’emprunt.

La bonne nouvelle, c’est que non seulement le Voyager se vend sans effort, mais il dégage de confortables marges. Finalement, ce véhicule vendu comme un haut de gamme n’est rien d’autre qu’une carrosserie utilitaire dans laquelle on a déposé de la moquette et des banquettes.

Le groupe Chrysler profite au maximum du boom des monospaces. Photo DR



Le groupe Chrysler profite au maximum du boom des monospaces. Photo DR

Chrysler ne voulait pas du Voyager

Pour profiter au mieux de ce succès, on va le décliner en Dodge Caravan et en Plymouth Voyager, histoire d’arroser tous les réseaux de concessionnaires du groupe Chrysler. Ce dernier ne jure que par ce modèle.

Ironie du sort, il se dit que les mêmes dirigeants étaient très sceptiques sur les chances de ce minivan, prêt depuis 1981, mais qui n’était jamais prioritaire pour être présenté au public.

Un projet qui trainait depuis les années 70 dans les tiroirs et qui devra son arrivée à une innovation : le plancher plat, qui autorise à la fois un espace intérieur conséquent et une moins encombrante traction avant.

Le Chrysler Voyager accompagne le développement de la société de loisirs. Photo DR



Le Chrysler Voyager accompagne le développement de la société de loisirs. Photo DR

Le Voyager, outil de conquête

Après avoir servi en priorité le marché américain, Chrysler voit dans le Voyager le moyen de conquérir pour de bon le marché européen. Le succès du Renault Espace conforte l’Américain.

A partir de 1988, le Voyager est vendu en Europe et en France. On apprécie son côté van et sa présentation typiquement américaine.

Côté moteurs, les V6 Mitsubishi et surtout l’arrivée d’un Turbo Diesel VM permettent au Voyager de se positionner en alternative crédible au Renault Espace.

Le Voyager se vendra à plus de 15 millions d'exemplaires au long de sa carrière. Photo DR



Le Voyager se vendra à plus de 15 millions d’exemplaires au long de sa carrière. Photo DR

Le monospace le plus vendu au monde

Au fil des ans, le Chrysler Voyager connaît de nombreuses évolutions, connaissant huit générations à ce jour. Au fur et à mesure des renouvellements, il s’européanise de plus en plus, s’approchant de plus en plus d’un Renault Espace ou de ses nouveaux concurrents comme les monospaces de PSA.

Si l’Espace de Renault est toujours considéré comme un énorme succès, les chiffres ne plaident pas pour lui.

Le Chrysler Voyager et ses dérivés sont à ce jour le monospace le plus vendu au monde, avec plus de 15 millions d’unités produites. Face à lui, le Renault Espace s’est vendu à 1 300 000 exemplaires.

Au top de leur carrière à la fin des années 90, les deux monospaces vont connaître tous les deux une triste fin.

Les marques, c’est un détail

Nous sommes en 2011. Sergio Marchionne, alors patron tout-puissant du groupe Fiat, ne s’encombre pas avec les notions d’histoires ou d’ADN. Depuis que l’Italien a mis la main sur le groupe Chrysler, le dirigeant semble considérer les logos des marques comme des stickers interchangeables d’une voiture à l’autre.

Certaines Dodge deviennent des Fiat et inversement, mais pour Chrysler et Lancia, on passe à l’étape au-dessus.

Alors qu’il présente un énième plan de survie pour le groupe, Marchionne déclare qu’il n’y a plus d’argent pour Lancia. Pour continuer à proposer cette marque, il va se contenter de rebadger la gamme Chrysler en Lancia sur le marché européen.

Rebadgé Lancia, le Voyager sombre en Europe. Photo DR



Rebadgé Lancia, le Voyager sombre en Europe. Photo DR

Le Voyager devient une Lancia !

La berline 300C devient une nouvelle Thema, la Chrysler 200 cabriolet fait revivre la Flavia. Quant au Voyager, il garde son nom, mais passe sous pavillon Lancia ! La voiture change de marque, du jour au lendemain.

Dans les premiers mois, le patron italien se réjouit de voir le Voyager participer à la hausse des ventes de Lancia en Europe. Mais en vérité, la fin est déjà actée. Le Voyager séduit quelques centaines de clients seulement.

Même en étant le seul sept places du marché avec un grand coffre, il faut se rendre à l’évidence : le marché du monospace est définitivement mort. L’arrivée des gros SUV va accélérer la chute.

Le Lancia Voyager durera le temps d’écouler les stocks, une mort longue et douloureuse qui prendra fin en 2015.

Espace et Voyager, même combat

Aujourd’hui le Chrysler Voyager existe toujours aux Etats-Unis, tout comme le Renault Espace en France.

Définitivement distancé par les gros SUV, l’Espace vit ses derniers mois. La dernière génération avait tenté de renouveler le genre. Mais en perdant tous ses côtés pratiques sans offrir quoi que ce soit en plus, l’Espace perdait ses derniers adeptes.

Du côté du Voyager, Chrysler ne parvient plus qu’à écouler quelques dizaines de milliers d’exemplaires par an à des sociétés de location.

Lecture:

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