Ca circule sur internet : Ces femmes de convictions et d’actions au premier plan du sport vosgien (3/4). Karine Hot (directrice du Rallye Vosges Grand Est) tient bon le volant

Le vrombissement des moteurs, l’odeur caractéristique de la gomme ou du carburant, l’ambiance très masculine des parcs fermés. Le milieu du rallye est certainement un des plus genrés. S’y imposer en tant que femme relève du parcours de la combattante. Karine Hot est à la tête du rallye Vosges Grand Est , épreuve du championnat de France. Un cheminement naturel pour celle qui a baigné dans ce milieu de garçons depuis son plus jeune âge, dans les traces du paternel, Christian et de son Opel Kadett GSI. « Mes premiers souvenirs remontent à l’âge de six ans, de nuit au Lyon-Charbonnières. J’étais toujours dans les pattes de papa, au grand dam de maman qui tenait le garage pendant qu’on était sur les rallyes. Adolescente, je donnais un coup de main à l’assistance. J’en ai fait des conneries, comme oublier de remettre un bouchon, mais chut (rires). Aujourd’hui, c’est mon fils Jean, 15 ans, qui est à l’assistance de son papy. »

Difficile d’échapper à sa destinée même si la trajectoire de vie de Karine Hot aurait pu prendre une tournure plus hivernale. « J’ai un DESS dans l’évènementiel et mon objectif était de diriger un circuit automobile ou une station de ski, le seul sport que je pratique. »

« Il a parfois fallu jouer des coudes »

Sa filiation lui a donné une voie d’accès au sport auto, encore fallait-il tenir ferme le volant. « Mon nom m’a ouvert des portes au début. Papa était commerçant (garagiste) à Rambervillers et pilote, avec une bonne réputation. Le fait d’être une femme ne m’a pas posé de problème particulier. Bien sûr, il a fallu parfois jouer des coudes. Mais vous savez, je parle comme les mecs en rallye (rires). La légitimité dans le sport auto est venue assez vite par rapport aux acteurs du championnat. J’étais dans la structure HP Compétition, j’avais été en charge pendant trois ans de l’Opel Adam Cup avec Général Motors France. Papa gérait la partie sportive et technique, moi le volet logistique et communication. Et puis jusqu’ici, je pense qu’il y a une légitimité de compétences. Je croise les doigts mais je n’ai pas fait de connerie pour le moment. En revanche, cette légitimité a été plus compliquée à obtenir avec le milieu associatif. Parce que depuis 2018, je ne suis plus bénévole, je gagne ma vie avec le sport auto. Je ne fais pas fortune, cela reste du sport passion mais pouvoir professionnaliser le truc a été une vraie chance. Aujourd’hui, les gens se rendent compte du travail fourni avec l’association Vosges Rallye Organisation mais on est encore loin du compte. »

« Ce rallye, c’est mon deuxième bébé »

A 52 ans, Karine Hot, qui a d’ailleurs engagé l’épreuve dans une démarche écoresponsabl e, est épanouie dans ce qu’elle fait. Mais être à la tête d’une manche du championnat de France n’est pas neutre et engage sa responsabilité sur le plan pénal. « Je sais qu’on est jamais à l’abri de spectateurs qui feraient n’importe quoi. Mais c’est comme un pilote au départ d’une spéciale qui connaît les risques. Il le sait mais il n’y pense pas. J’aime tellement ce que je fais. Ce rallye, c’est mon deuxième bébé après Jean, mon fils. »

Sans oublier le volet financier pour réunir le budget (de l’ordre de 380 000 €). « Quand tu attends la réponse d’un partenaire crucial, tu peux parfois mal dormir. Notre chance, c’est d’avoir le soutien indéfectible d’Armando Pereira (directeur opérationnel d’Altice Europe).

Le chiffre : 4

Les choses évoluent dans le sport automobile. Aujourd’hui quatre des neuf épreuves du championnat de France des rallyes sont pilotées par des femmes. Karine Hot, donc, pour le Vosges Grand Est  ; Ingrid Fermier au Var ; Nahide Ennam au Rhône-Charbonnières ; Isabelle Garreau au Mont-Blanc/Morzine.